Histoire du spectacle
Par Serge Saint-Eve, metteur en scène du spectacle.

Dis-moi…pourquoi Dimey ?
Dimey, pour moi, c’est une longue et belle histoire…

Il est des êtres, des œuvres, que vous rencontrez à un moment de votre vie et qui ne vous quitteront plus. Dimey est l’une de ces rencontres.

A la fin des années 60, je découvre son disque « Ivrogne, et pourquoi pas ? » couronné par l’Académie Charles Cros. C’est le coup de cœur immédiat. J’achète ses autres disques, et les suivants. Commence alors mon compagnonnage avec un univers, une langue, un homme que, , je sais déjà, sans le connaître, à l’époque, autrement que par ses écrits, être de ces amis qui marcheront à vos côtés, la vie durant.

Dans les années 72/73, je monte, avec un ami un premier spectacle cabaret sur les textes de Dimey, et le présente dans le tout jeune « Caveau des Trinitaires », à Metz. Le hasard fait que, passant dans la région pour une émission de radio, Bernard Dimey apprend l’existence de ce spectacle et … nous le voyons entrer dans la salle, un soir ! Quel moment inoubliable! S’en suivent plusieurs autres rencontres : Dimey vient donner lui-même son spectacle au Caveau , nous allons le voir à plusieurs reprises chez lui, rue Germain Pilon. La richesse de ces instants partagés me tient toujours chaud à l’âme.

Après sa mort, à la sortie de « La blessure de l’Ogre », livre que lui consacre sa compagne Yvette Cathiard, j’écris à celle qui a partagé les 15 dernières années de la vie du poète, pour lui dire toute l’importance que tient l’œuvre de « Nanar » dans ma vie. Elle me répond chaleureusement et m’envoie un manuscrit, le brouillon d’un texte inédit. Merveilleux cadeau. Merci, Madame, merci !

Depuis 40 ans maintenant, les textes de Dimey (j’en connais des dizaines par cœur) sont des compagnons fidèles. Il n’est guère de situations, de moments de la vie qui ne fassent surgir à ma mémoire et à mes lèvres, une phrase, un vers, une formule du divin Bernard. Même si je ne l’ai rencontré que quelques fois, il est pour moi, comme l’un de mes amis les plus chers.
Et… pourquoi ce spectacle, maintenant ?
Comédien amateur, j’ai voulu, plus de 30 ans après un premier spectacle sur Dimey, renouer avec le bonheur de lui consacrer un spectacle, pour lui rendre hommage, surtout, pour que ses mots résonnent encore aux oreilles des spectateurs d’aujourd’hui.

Pour cela, il me fallait trouver les compagnons idéaux.

L’un, Serge Martel, a partagé avec moi de nombreuses autres aventures théâtrales. Son physique « diméen », son amour de la vie, sa capacité à être immédiatement en empathie avec le public, en faisaient un complice de choix.

L’autre, Bernard Lélu (du coup, 2 Serge et 2 Bernard dans le spectacle !) apportait, outre ses talents de comédien, ses qualités de musicien de jazz. Grâce à ses rythmes, à ses arrangements, il a donné une autre tonalité à certains textes, en a révélé d’autres saveurs.

Les retours que nous avons eus sur ce spectacle, prouvent que nous ne nous sommes pas trompés. Les mots, la langue, l’univers de Dimey parlent encore, -et ô combien !- aux publics d’aujourd’hui.

Dimey ne savait pas, au moment de s’en « aller faire le con chez les anges », s’il devait nous « dire adieu, au-revoir ou merci ». Nous savons, pour notre part, que le public d’aujourd’hui, lui dit « merci » et « encore » et s’en va, après le spectacle, avec le bonheur d’avoir rencontré, (re)découvert un poète fraternel, et l’envie d’en connaître plus sur son œuvre.